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serait une grave erreur. Pour cela, les musiciens
d’Eglise ont besoin du soutien des pasteurs et
d’autres collaborateurs ecclésiaux. Nous devons
nous mettre ensemble pour développer cette tra-
dition musicale d’une si grande richesse, pour
l’entretenir et la perpétuer comme un patrimoine
vivant. Mais il ne faut pas oublier pour autant les
personnes encore réfractaires à la musique sacrée
et qui aiment un tout autre genre de musique.
C’est une mission difficile. Dans le fond, il est im-
possible de satisfaire tout le monde, et plaire à
tous n’est pas non plus le but visé. En revanche, il
faut s’efforcer de prendre au sérieux les attentes
et les cultures de chacun. La seule solution est
donc de cultiver la diversité stylistique en connais-
sance de cause. C’est une tâche souvent délicate,
mais aussi un signe de vitalité. Il est important de
savoir que la plupart des personnes veulent en-
tendre ce qu’elles connaissent déjà: on aime et on
est touché par ce qui nous est familier. Il faut en
tenir compte, tout en amenant les gens à décou-
vrir des musiques qu’ils n’ont pas l’habitude
d’entendre. Car ce sont les idées nouvelles et
les perspectives différentes qui nous font aller
de l’avant. Si nous n’écoutons que ce que nous
connaissons déjà, nous sommes pauvres.
Il est rare qu’un musicien d’Eglise soit pareille-
ment à l’aise dans tous les styles musicaux, mais
il peut percevoir les forces musicales d’une com-
munauté et en faire profiter ses membres. C’est un
travail passionnant, difficile, ardu et très grati
fiant. L’une des tâches les plus importantes mais
aussi les plus difficiles pour l’Eglise est d’attirer
les jeunes, et les amener à participer volontaire-
ment et avec plaisir. La musique est un merveil-
leux outil pour les y encourager.
Une tradition tournée vers l’avenir
Un autre acteur important du culte est le chœur
paroissial. Si bon nombre d’entre eux ont disparu
par le passé, la «redécouverte» de la liturgie et de
sa signification a redonné de l’importance au
chant liturgique. Les bons chefs de chœur peuvent
réussir à sensibiliser leurs choristes à cette dimen-
sion et leur faire prendre conscience qu’ils sont
partie intégrante de la communauté, qu’ils ont
quelque chose à dire, qu’ils ont une mission.
L’orgue est étroitement associé au culte. C’est
à la fois sa force et sa faiblesse. Beaucoup le
considèrent comme un instrument poussiéreux,
auquel colle une image dépassée de l’Eglise. Mais
avec sa sonorité puissante et soutenue, il est idéal
pour accompagner le chant de l’assemblée. Pour
lui comme pour les chœurs, il existe un trésor
inestimable de musique pour le culte. Une mu-
sique que l’on pourrait qualifier de «rituelle»,
telle que l’on trouve dans presque toutes les re-
ligions et dans d’autres Eglises chrétiennes, en
particulier chez les orthodoxes. Là, personne
n’aurait l’idée d’intégrer de la musique «profane».
Dans les Eglises réformées en revanche, et no-
tamment chez nous en Suisse, il y a longtemps
que son emploi a évolué, du moins dans les ré
gions urbaines. Qu’on s’en félicite ou qu’on le
regrette, c’est une réalité à laquelle il faut faire
face. Les organistes et les musiciens d’église eux-
mêmes ont beaucoup contribué à donner une
nouvelle image de l’orgue au cours des dernières
années et décennies. Un grand nombre d’œuvres
de musique populaire ont été écrites pour l’orgue
et le culte, et depuis longtemps la séparation
entre musique spirituelle et profane n’est plus
absolue, toutes deux s’interpénètrent et se fé-
condent réciproquement.
Le changement comme constante
Il est utile d’inscrire notre réflexion dans l’histoire.
Que représentent cinquante ou cent ans? A quoi
bon se plaindre de la faible fréquentation des
cultes, du manque d’intérêt à l’égard du chant et
de la musique d’église? Une certitude demeure:
le chant et la musique ne disparaîtront jamais.
Mais tout se transforme.
Continuons de célébrer avec persévérance de
beaux cultes avec et pour celles et ceux qui sont
là aujourd’hui!
© Michael Stahl
