ENSEMBLE Nr. / N° 65 - Mai / Mai 2022

9 ENSEMBLE 2022 /65 —– Doss i er spirituelle s’origine toujours de nouveau. La direction paroissiale ne peut donc se dérouler que «dans l’écoute de la Parole de Dieu», guidée par le désir constant d’entendre ce que le Christ veut nous dire à travers les textes bibliques pour notre situation actuelle, pour les défis de l’Eglise. Pour l’exprimer autrement, la direction spirituelle est une direction d’écoute. Pour les réformateurs, il est évident que le sacerdoce universel ne relativise ni n’annule le ministère d’annonce de la Parole. D’après Luther, le sacerdoce universel et le ministère de prédication sont soumis l’un à l’autre. Le sacerdoce universel a besoin du ministère pastoral; la communauté en dépend puisqu’elle doit y acquérir la compétence d’accomplir correctement sa tâche de direction. Le règlement ecclésiastique est clair sur ce point aussi: «Le ministère pastoral est responsable de la proclamation de l’Evangile. Dans cette tâche spirituelle, il est partie prenante de la direction de la paroisse» (art. 123, al. 1). Ces deux phrases expriment aussi bien le sens que les limites du rôle du ministère d’annonce de la Parole en matière de direction. Le ministère pastoral joue un rôle considérable: en effet, si la direction de la paroisse naît de l’écoute de la Parole, alors les ministres ont pour tâche de donner à entendre toujours à nouveau cette Parole à la communauté et aux responsables de la direction. Mais même dans ce service, la participation du ministère pastoral est limitée. La responsabilité spirituelle de direction du ministère d’annonce de la Parole s’exprime à travers la voix théologique du corps pastoral sur l’ensemble des questions que doit traiter une direction communautaire (y compris sur le budget ou sur la réfection du toit de la maison paroissiale). Le règlement ecclésiastique stipule que le ministère pastoral «apporte un éclairage théologique au conseil de paroisse, aux ministères et aux autres services» (art. 123, al. 2) et qu’inversement, «avant de prendre une décision, le conseil de paroisse sollicite un éclairage théologique auprès du ministère pastoral» (art. 110, al. 2). Estime mutuelle Il est facile de savoir si l’Eglise est dirigée par Jésus-Christ à travers le Saint-Esprit: il suffit de regarder si la communauté en tant que corps en est responsable, s’il existe une sérieuse intention de fonder cette direction dans l’écoute de la Parole de Dieu, si le ministère d’annonce de la Parole est équitablement réparti, et enfin s’il règne la ferme conviction que la parole biblique et le discours théologique sont essentiels en matière de direction ecclésiale. La direction spirituelle se distingue par l’estime mutuelle et transparaît aussi dans l’examen critique dont les responsables accompagnent leurs propres décisions et actions. Les chrétiennes et les chrétiens savent qu’ils sont limités et faillibles. Ils savent aussi que le pouvoir est soumis à la tentation, même dans l’Eglise. Ils savent donc que l’Esprit du Christ agit aussi pour nous révéler nos limites, nos erreurs et notre corruption par soif de pouvoir. Ils savent enfin que l’autocritique et l’autocorrection ne sont pas des signes de faiblesse, mais des signes que le Christ ne livre pas son Eglise à elle-même et qu’Il ne cesse de la guider par son Esprit vers une plus grande clarté de vue. (Repris et retravaillé à partir d’un exposé tenu à l’occasion du colloque de Refbejuso «‹Leit uns in allen Dingen›. Geistlich leiten – theologische Klärungsversuche im Dialog mit sozialwissenschaftlichen Führungstheorien», 29 et 30 janvier 2018, Bürenpark, Berne) Le sacerdoce de tous les croyants n’est pas une question de partage du pouvoir, mais de responsabilité. Beim Priestertum aller Gläubigen geht es nicht um Verteilung von Macht, sondern um Verantwortung. © KEYSTONE / WESTEND61 / Christine Mueller

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