ENSEMBLE Nr. / N° 65 - Mai / Mai 2022

8 Doss i er —– ENSEMBLE 2022 /65 mule la mission ainsi: «Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde» (Mt 28,19-20); ces versets se retrouvent à peu de chose près dans la Constitution de notre Eglise: «L’Eglise réformée évangélique du canton de Berne a reçu de son Chef la mission de prêcher à tous, dans l’Eglise et dans le monde, l’Evangile de Jésus-Christ» (art. 2, al. 1, Cst.E). L’Eglise existe parce que l’Evangile de la gratuite de la grâce divine a besoin d’un portevoix dans le monde; c’est la seule raison pour laquelle le Christ a donné vie à l’Eglise. En la dirigeant spirituellement, le Christ maintient l’Eglise en vie. Cette affirmation est très réconfortante puisqu’elle renferme la promesse que le Christ ne laisse pas l’Eglise livrée à elle-même, mais qu’il la maintient en la réorientant toujours sur sa tâche. Direction presbytéro-synodale Ce constat amène une autre question: dans l’Eglise, qui est responsable de la direction? Revenons aux conceptions ecclésiologiques spécifiquement réformées. Le protestantisme parle du «sacerdoce universel», qui n’est pas affaire de répartition du pouvoir, mais de responsabilité. Le sacerdoce universel signifie que chaque chrétienne et que chaque chrétien est en mesure de lire et de comprendre la Bible et de se forger son propre jugement sur cette base. Il peut aussi être traduit par la notion de majorité religieuse, une compétence qui entraîne une responsabilité. Vu la mission de l’Eglise, il est donc logique que sa direction soit confiée à la communauté tout entière. En effet, la direction de l’Eglise ne vise rien d’autre que la bonne exécution de la mission. Et tout comme l’ensemble des membres de la communauté ont la compétence et la tâche de juger par eux-mêmes sur les questions relatives à la foi, ils ont aussi la compétence et la tâche de se forger leur propre jugement sur des questions relatives à la manière de transmettre cette foi au monde. Dans le protestantisme, cette responsabilité commune a fait partie dès le départ de la manière de structurer la direction. C’est Calvin qui a défini les quatre ministères de l’Eglise à partir du Nouveau Testament: les pasteurs, les enseignants (responsables de la formation du personnel ecclésial), les anciens (responsables de la surveillance de la communauté) et les diacres (chargés du volet social). Pour Calvin, il était important que la direction de la paroisse n’incombe pas à un seul de ces ministères, mais qu’elle soit assumée de manière collégiale; on parle aussi de direction presbytérale. Le Synode y a été introduit comme organe régional de direction pour traiter les questions supra-paroissiales; c’est pourquoi le modèle de direction réformé est nommé modèle presbytéro-synodal. Ecouter pour diriger Le règlement ecclésiastique de l’Union synodale réformée évangélique Berne-Jura énonce un autre aspect fondamental de la question: «La direction de la paroisse agit et décide de manière responsable dans l’écoute de la Parole de Dieu pour le bien de la paroisse» (art. 104, al. 1). Cet article découle directement de l’article 100, qui introduit la section «Constitution et direction de la paroisse»: «La paroisse est placée sous l’autorité de la Parole divine.» Comment ce modèle de direction est-il concrètement mis en œuvre? Christ dirige son Eglise par sa parole: la réponse se trouve dans cette affirmation. Parce que la foi, l’amour et l’espérance surgissent lorsque nous interprétons et que nous nous approprions la Bible, c’est aussi là que l’Eglise est fondée, bâtie et renouvelée et là que sa direction «La paroisse est placée sous la Parole de Dieu.» «Die Kirchgemeinde steht unter dem Wort Gottes.» © KEYSTONE / SCIENCE PHOTO LIBRARY / Cordelia Molloy

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=