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ENSEMBLE 2016/6 —– Dossier

* Coordinateur pour les soins palliatifs

Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure ont créé en janvier 2015

un poste de coordinateur pour les questions liées aux

soins palliatifs. Le responsable – et auteur de ce texte – s’appelle­

Pascal Mösli. Il est chargé de l’aumônerie spécialisée et des soins

palliatifs.

Contact:

pascalmoesli@refbejuso.ch

* Koordinationsstelle Palliative Care

Im Januar 2015 haben die Reformierten Kirchen Bern-Jura-Solothurn eine Koordinationsstelle Palliative Care eingerichtet.

Stelleninhaber und Autor dieses Beitrages ist Pascal Mösli,

Beauftragter Spezialseelsorge und Palliative Care.

Kontakt:

pascalmoesli@refbejuso.ch

personnes face à leurs besoins existentiels, spiri-

tuels et religieux, lorsqu’elles recherchent le sens

de leur existence, des certitudes ou une solution

à une situation de crise».

L’Eglise possède une longue tradition et une

riche expérience dans le soutien aux personnes

très malades ou en fin de vie. La pastorale réfor-

mée est là pour toute personne avec ses question-

nements et ses préoccupations, indépendamment

de ses croyances ou convictions. Pour elle, des

processus de guérison peuvent se produire dans

ce contexte de rencontre humaine et d’ouverture

aux forces en présence.

Etre là, tout simplement

Un exemple: «Madame W. est une dame de bien

plus de 90 ans, menue et soignée. Issue d’un mi-

lieu modeste, elle a réussi à monter un atelier de

haute couture qui a vu défiler les dames de la

bonne société de la ville. Désormais dans un home,

atteinte dans sa santé, elle dégage à la fois de la

fragilité et une certaine distinction, une grande

force. Elle se réjouit des visites de l’aumônier. Pour

elle, cette conversation bienveillante est une oc-

casion de partager avec quelqu’un son regard sur

une vie pleine de réussites et de trouver une cer-

taine reconnaissance. Auparavant, elle entretenait

un rapport distant avec l’Eglise, mais elle en est

toujours restée membre.

Une soudaine poussée de confusion a provoqué

de l’insécurité et l’a sérieusement ébranlée. Elle

ne réussissait plus à replier soigneusement la ser-

viette sur le plateau du déjeuner. La parole com-

mençait à faire défaut. Tout ce qui la portait sem-

blait s’effriter. Fallait-il, avec des mots, tenter de

sauver ce qui pouvait l’être? Ou plutôt, par une

simple présence et une empathie, l’aider à rester

dans l’instant présent – même au milieu de la dé-

chéance – et à ressentir la peur sans devoir à tout

prix la combattre? Etre là, simplement, et accepter

ce qui arrivait. Ce furent moins les paroles que

cette présence qui offrit à Madame W. la possibi-

lité de faire de nouvelles expériences.

Elle devint plus calme. Un contact physique

aurait été trop pour elle, mais de temps à autre,

les regards se rencontraient dans une compréhen-

sion mutuelle. Le lendemain matin, Madame W.

s’est éteinte paisiblement alors que sa soignante

avait quitté la chambre un bref instant.»

Cette rencontre a été relatée par Hansueli Min-

der, aumônier à Steffisburg.

Objectifs de la diaconie d’Eglise

Les différents partenaires dans le réseau des soins

palliatifs – médecins traitants, soignants, collabo-

rateurs des soins à domicile ou autres – recon-

naissent que les besoins religieux et spirituels des

mourants et de leurs proches sont importants. En

même temps, il y a une certaine méconnaissance

sur ce qu’est la spiritualité, ce que fait l’aumônerie

spécialisée et ce que proposent les paroisses.

Pour les collaborateurs pastoraux, il est donc

important – et enrichissant – de chercher le dia-

logue avec ces partenaires, par exemple en abor-

dant avec les médecins de famille la question de

la relation entre douleur et détresse religieuse; ou

en montrant au personnel des soins à domicile ce

que fait l’aumônerie et comment il peut lui-même

communiquer cette offre aux personnes en souf-

france, dans un langage simple/accessible; de

transmettre aux conseillers de la Ligue contre le

cancer les offres des paroisses après un décès.

Les soins palliatifs représentent une occasion

pour l’Eglise d’apporter sa contribution dans le

domaine de la santé, de se tenir proche des per-

sonnes en détresse et d’accompagner leurs trans-

formations jusqu’à une mort dans la dignité. Cette

porte est aujourd’hui grande ouverte, ce serait

dommage de ne pas entrer.

Les paroisses sont des lieux de vie où la mort

n’est pas occultée, où l’on parle de la mort comme

faisant partie de la vie, où des bénévoles s’oc-

cupent des personnes qui ont perdu un proche,

où l’on chante, se dispute et discute des espoirs

liés à la vie et à la mort. Les paroisses sont des

endroits où l’on partage l’idée fondatrice de Cicely

Saunders sur les soins palliatifs: chaque personne

est importante, simplement et justement parce

qu’elle existe et ce, jusqu’à la fin.

©zVg