ENSEMBLE Nr. 4 - Dezember 2015 - page 14

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Dossier —– ENSEMBLE 2015/4
Eine letzte und persönliche Frage: Sie sind eine
sehr prominente Wasseraktivistin mit langjähriger
Erfahrung auf dem Gebiet. Angesichts des Bevöl-
kerungswachstums, des zunehmenden Drucks auf
die natürlichen Ressourcen und der Umweltschä-
den ist Ihr unermüdlicher Kampf für Wasser als
öffentliches Gut und Menschenrecht sehr bemer-
kenswert. Was ist Ihre Quelle für dieses grosse
Engagement? Werden Sie noch Zeugin davon,
dass alle Menschen Zugang zu sauberem Wasser
haben?
Ich weiss nicht, ob ich diesen Tag erleben wer-
de, an dem alle sauberes Wasser haben und ein
Leben in Würde führen. Aber ich glaube an eine
tiefsitzende Tugendhaftigkeit in den meisten Men-
schen und vertraue darauf, dass wir uns gemein-
sam in eine bessere Zukunft bewegen können.
Meine Sorge gilt der ökologischen Wasserkrise:
Sie erschwert es, unser Versprechen einzulösen,
dass alle Menschen sauberes Wasser erhalten wer-
den. Aber ich fühle mich verpflichtet, eine Bewe-
gung zu bilden, welche sich der unterschiedlichen
Herausforderungen annimmt und sich für die
blaue Zukunft einsetzt.
F
Maude Barlow préside le mouvement ci-
toyen canadien «Conseil des Canadiens»,
une organisation qui s’engage pour le droit des
êtres humains à l’eau et contre la commercia-
lisation de ce bien universel. Alors que certains
objectifs en la matière ont pu être atteints, la
militante explique pourquoi il reste encore
beaucoup à faire.
Propos recueillis par Lisa Krebs,
collaboratrice spécialisée en charge de la
coopération au développement
L’échéance des objectifs du Millénaire pour le dé-
veloppement arrive à son terme fin 2015. Dans le
domaine de l’eau, la cible est atteinte: réduire de
moitié le nombre de personnes qui ne bénéficient
pas d’un accès à l’eau potable. Aujourd’hui, neuf
personnes sur dix ont cet accès. Pourtant, des mil-
liers d’enfants meurent encore chaque jour après
avoir consommé de l’eau insalubre. Pourquoi est-
ce si difficile de procurer de l’eau potable à tout le
monde?
Comme beaucoup d’autres personnes, je ques-
tionne l’affirmation que l’objectif en termes d’eau
potable est atteint. L’ONU se base sur le nombre
de nouvelles conduites installées. Mais elle ne
tient pas compte du fait que nombre de ces
conduites transportent de l’eau insalubre, que les
nouvelles infrastructures se trouvent parfois loin
des populations ou que le prix de la consommation
d’eau provenant de ces nouvelles installations est
trop élevé pour les populations les plus pauvres.
L’ONU reconnaît en revanche que l’objectif d’accès
à l’assainissement n’est de loin pas atteint: 2,5 mil-
liards de personnes ne bénéficient toujours pas de
toilettes ou d’accès à l’hygiène. Avec la crise éco-
logique de l’eau, certaines régions du monde ont
même de plus en plus de difficulté à simplement
trouver de l’eau. Si ces problèmes perdurent, c’est
parce que de nombreux gouvernements se fient
encore à un marché basé sur la collaboration avec
des prestataires privés, au lieu de financer des in-
frastructures publiques qui profiteraient au plus
grand nombre. L’Assemblée générale de l’ONU a
reconnu en 2010 le droit fondamental à l’eau po-
table. Mais qui a pu réellement profiter de ce nou-
veau droit humain à ce jour?
Dans quelle mesure ce droit favorise-t-il l’objectif
d’un accès universel à l’eau potable? Quels défis
représentent l’application et la mise en œuvre de
ce nouveau droit fondamental?
Il a fallu très longtemps pour que les gens
prennent vraiment conscience de ce droit à l’eau
proclamé par l’ONU. Mais depuis qu’il y a cette
prise de conscience, nous voyons des raisons d’es-
pérer. Plusieurs pays ont adapté leurs lois ou amen-
dé leur Constitution afin de reconnaître le droit à
l’eau. Par ailleurs, la résolution de l’ONU s’est vue
étayée par une série de décisions de justice. Cer-
taines organisations se sont servies de cette réso-
lution pour faire valoir le droit à l’eau là où il était
menacé. Comme à Detroit (Etats-Unis) par exemple,
où certaines personnes étaient simplement cou-
pées du réseau d’eau. Ou au Mexique, où l’industrie
locale a contaminé des sources d’eau potables par
des forages de pétrole ou de gaz: là aussi, le droit
à l’eau a servi de justification pour la restitution
en mains publiques de réseaux privatisés.
Dans votre livre «Blue Future», vous démontrez
que garder l’eau en mains publiques est une condi-
tion pour garantir son accès universel. Vous citez
plusieurs exemples de pays du Nord et du Sud.
Pouvez-vous nous expliquer cela?
L’eau est un bien public qui doit être confié
une entité publique. Nous avons tous besoin d’eau
pour vivre. Il faut bien comprendre que l’eau ap-
partient aux êtres humains, à l’écosystème et aux
générations futures. Les gouvernements doivent
gérer l’eau avec précaution et sens des responsa-
bilités. L’eau ne devrait pas servir des intérêts pri-
vés ni être vendue ou commercialisée sur les mar-
chés publics.
En Suisse, nous sommes privilégiés: l’approvision-
nement se trouve en grande partie en mains pu-
bliques et l’eau potable et salubre est un acquis.
Comment pourrions-nous contribuer à l’accès
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