ENSEMBLE Nr. / N° 73 - April / Avril 2024

15 ENSEMBLE 2024/73 —– Dossier LE MINISTÈRE PASTORAL Une vision de l’Eglise moderne et ouverte aux femmes Maëlle Bader ne pensait pas embrasser la carrière de ministre. Ce métier s’est pourtant imposé et elle est devenue la première femme pasteure à Courtelary-Cormoret. Cette jeune trentenaire défend une Eglise moderne et authentique. Par Nathalie Ogi Maëlle Bader a grandi dans l’Eglise avec un père pasteur à Neuchâtel. Pourtant, elle poursuit d’abord des études en littérature allemande et en histoire de l’art. C’est cette discipline qui la conduit à suivre un cours d’introduction en sciences bibliques qui éveille son intérêt. De fil en aiguille, elle s’inscrit à quelques cours à distance de théologie à l’Université de Genève, avant de se trouver «enrôlée» dans un nouveau bachelor. «Je ne savais pas que j’allais devenir pasteure», s’amuse la jeune femme de 34 ans. «J’ai fait un master, puis je me suis inscrite pour le stage pastoral. Pas après pas, cela s’est fait tout seul.» Minorité protestante Maëlle effectue son stage pastoral à Fribourg. Pour la première fois, elle découvre un lieu avec une minorité protestante. «Cela a été vraiment une très belle expérience, très riche.» Au moment de devoir trouver un poste, la jeune femme postule avec son compagnon dans le Jura bernois, où elle succède à Courtelary-Cormoret à un pasteur en place depuis plus de 30 ans. «Dans la paroisse cela se passe bien. On rencontre bien sûr toujours les mêmes défis. Il a fallu mettre sur pied des activités afin d’attirer du monde.» C’est ainsi que depuis 2021, la jeune pasteure a mis en place une thématique d’automne. D’ordre plutôt sociétale, elle est choisie d’entente avec les paroissiennes et les paroissiens. Après le mariage pour toutes et tous en 2021, c’est l’écologie qui a été mise à l’honneur en 2022, avec divers ateliers, des cultes sur l’éco-spiritualité ou encore des apéritifs zéro déchets afin de «montrer l’exemple». Active en paroisse et en région Outre son travail en paroisse, la jeune pasteure œuvre également pour le syndicat des paroisses de l’Erguël. «Je m’occupe de la communication et des réseaux sociaux.» Elle dispose aussi d’un pourF centage culturel avec un groupe dénommé «Inspirations», tout comme un pourcentage sociétal avec le groupe «meuf», acronyme de «mille et une femmes». «L’idée ici est d’offrir une place pour les femmes, un lieu de partage pour se dire et aussi sensibiliser dans cette région rurale à des thématiques taboues, comme la question des menstruations.» Première femme pasteure à Cormoret-Courtelary, elle a parfois rencontré l’étonnement des membres de sa paroisse. «C’est pour eux un peu surprenant de voir par exemple que c’est mon conjoint qui cuisine et apporte l’alimentation lors des activités du dimanche.» S’agissant de l’Eglise, la jeune femme dispose de sa propre vision. «Il est important de ne pas proposer uniquement des cultes traditionnels, mais aussi des espaces où vivre autrement. Dans un monde qui demande beaucoup en termes de performances, nous avons la chance dans l’Eglise, de partager autre chose et de pouvoir respirer l’instant.» L’an dernier, la paroisse a eu l’idée de proposer un culte dans les hauteurs, accompagné d’une grillade. Les cultes «chanson française», où l’on écoute des artistes francophones et où l’on met en relation culture et traditions sont aussi une de ses idées. © Lenka Reichelt Maëlle Bader

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