ENSEMBLE Nr. / N° 71 - Oktober / Octobre 2023

7 ENSEMBLE 2023/71 —– Dossier © Lenka Reichelt F Parler de violence de genre, une violence qui touche surtout les femmes, mais pas seulement, c’est aborder un problème généralisé aux causes et aux formes multiples. S’attaquer à ce phénomène omniprésent, mais souvent invisibilisé, c’est aussi briser un tabou. Et pour les Eglises, c’est avant tout répondre à l’impératif de lutter contre tous les types de violences et d’injustices. Par Maria Vila La violence fondée sur le genre est un terme générique désignant les actes de violence basés sur des différences et hiérarchies socialement construites entre les genres. Elle se réfère aux normes et stéréotypes de genre et aux relations de pouvoir. Il peut s’agir de violences physiques, psychologiques, sexuelles ou encore de refus d’accès à des ressources ou à des services. Une épidémie invisible Commise dans toutes les couches de la société de tous les pays du monde, la violence de genre se produit à la maison, dans les relations de couple, dans les familles, sur le lieu de travail, à l’école ou dans la formation, dans l’espace public, sur Internet et sur les réseaux sociaux. Or, malgré son omniprésence et ses effets dévastateurs sur les personnes, les familles et les communautés du monde entier, elle reste un sujet tabou, dont la gravité tend à être relativisée, minimisée ou niée. Même si à ce jour les chiffres font toujours défaut, on sait que les femmes et les jeunes filles sont, de loin, les principales victimes. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. Mais ces violences sont souvent cachées, et les victimes préfèrent généralement garder le silence, de peur d’être stigmatisées ou de subir d’autres actes de violence. L’impératif de se questionner et d’agir Face à cette tragédie, les Eglises ont indéniablement un rôle à jouer. «Notre foi nous appelle à l’amour, à la compassion, à la justice, à la paix, à la dignité, ce qui rend impératif que nous prions et agissons contre toutes les formes de violence et d’injustice», affirme Sara Speicher, chargée de communication au Conseil œcuménique des Eglises (COE). Selon Barbara Heer, responsable du service Femmes et genre de Mission 21, pour agir il est important d’examiner les causes, comme l’inégalité structurelle entre les genres ou l’insécurité économique des femmes, et surtout les stéréotypes qui définissent le masculin par la domination, l’exercice du pouvoir et la violence. «La religion est une ressource importante qui est utilisée de manière abusive pour la subordination. On se sert de la Bible pour légitimer l’infériorité des femmes. Les Eglises ont une influence particulière. C’est pourquoi nous investissons dans la formation théologique, dans la promotion d’une théologie contextuelle qui prend en compte les © Ivars Kupcis/ÖRK Tiré d’une vidéo pour la campagne «Jeudis en noir». Aus einer Videoproduktion für die Kampagne «Donnerstags in Schwarz».

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