ENSEMBLE Nr. / N° 59 - Juni / Juin 2021

15 ENSEMBLE 2021 /59 —– Doss i er acoustique, est trop largement axée sur une par­ ticipation cognitive. Avec leur retrait, ces per­ sonnes et leurs proches perdent leur réseau social, la vie en communauté, des rites et des routines familiers et leur renforcement religieux. Et nous, paroisses, nous perdons ainsi notre potentiel de développement, notre diversité et notre vitalité. Mais les paroisses peuvent toutefois contrer cette tendance, en s’engageant, en tant que «com­ munautés de soutien», sur la voie de paroisses sensibilisées à la démence. A cet effet, des petits pas sont plus importants que de grands projets, tout comme le développement et les nouvelles expériences sont plus importantes que la perfec­ tion. En parvenant à réduire les craintes et les préjugés, l’ignorance et l’insécurité, on soutient non seulement la qualité de vie et la participation des personnes atteintes de démence et de leurs proches, mais aussi la durabilité d’une Eglise vieil­ lissante et altruiste. Les paroisses doivent émettre un signal clair, afficher un message du type «C’est bien que tu sois là» ou «Tu es important pour nous et tu appartiens au groupe». Au centre, et pas seu­ lement à la marge. Il ne s’agit donc pas, dans la plupart des cas, de développer des «offres exclu­ sives» pour les personnes atteintes de démence. Les paroisses peuvent plutôt orienter les offres déjà existantes de telle façon que ces personnes en fassent naturellement partie, et soient consi­ dérées et accueillies comme des éléments vitaux parmi d’autres. Quelques moyens de soutien en ce sens: − des «parrains et marraines de communauté» choisis parmi le voisinage accompagnent les personnes atteintes de démence à des événe­ ments, restent à leurs côtés, puis les ramènent à la maison; − vérifier la qualité de l’acoustique des bâtiments ecclésiastiques, de la salle paroissiale et des autres espaces, les dispositifs techniques, la sup­ pression des obstacles et les aides à l’orientation; − on s’empare de la thématique dans le cadre d’un projet mensuel, pas seulement lors des sermons et des discours, mais aussi par l’intermédiaire des confirmands, au jardin d’enfants, lors de groupes de lecture ou à la bibliothèque parois­ siale; − une offre commune de formation continue sou­ tient le corps pastoral, les bénévoles, les sacris­ tines ou les secrétaires paroissiaux dans leur contact avec les personnes atteintes de démence et pour une communication respectueuse avec elles; − un article de la lettre paroissiale attire l’atten­ tion sur la situation particulière des membres de la paroisse souffrant de démence et indique les personnes de contact à proximité; − lors de tous les événements, veiller spécifique­ ment à ce que tous les sens soient sollicités au même titre que la raison (via la musique, la nourriture, le mouvement, etc.); − concevoir régulièrement les cultes du dimanche matin dans une langue simple – élémentaire, mais pas enfantine, concrète mais pas triviale; − deux fois par an, le culte pour les familles a lieu dans une salle de la maison de retraite locale. Il s’agit de ne pas oublier que nous parlons avec les personnes atteintes de démence, plutôt que d’elles. Avec cette façon de faire, il n’est pas im­ possible qu’on vive des expériences inattendues. «Je m’ennuie, je veux rentrer à la maison»: lorsque cette exclamation retentit lors d’un sermon, non seulement elle déclenche des rires et met de l’am­ biance, mais elle provoque aussi un échange sur la présentation du culte lors d’un café pris en com­ mun après la célébration; lorsque les besoins des personnes atteintes de démence rappellent aux autres que toute théologie a besoin de sensualité, en ayant recours à des mots qui se matérialisent en images, en sons, en mouvements, en odeurs et en couleurs; lorsque, en expérimentant une spiri­ tualité à l’écoute du corps et une revalorisation des émotions, l’attention placée jusque-là sur l’in­ tellect et la raison s’élargit, au bénéfice de toutes et tous; lorsque, résultat d’une activité sensible à la démence, on ralentit et on réduit la cadence, ce qui profite à tout le monde. Et lorsque les per­ sonnes atteintes de démence nous aident à ne pas masquer la fragilité de notre humanité, mais à mieux la percevoir et à apprendre à vivre avec. Dans l’Eglise, chaque âge a un avenir. Nous sommes celles et ceux qui avons besoin d’un re­ gard neuf, d’un autre regard, pour savoir à quel point il est normal d’être différent. Limité et bour­ ré de talent. Humain, justement. Si cela, ce n’est pas une opportunité! Plus d’informations: www.demenz-sensibel.de (en allemand uniquement) Des petits pas sont plus importants que de grands projets, des nouvelles expériences plus importantes que la perfection.

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