Refbejuso - Rapport d’activité 2021

17 L’hôte indésirable, les lettres indignées et l’attention bienveillante L’hôte indésirable nous tient toujours compagnie: nous n’avons pas réussi à venir à bout du coronavirus en 2021 non plus. C’est ainsi que nous sommes devenus des experts en matière de masques faciaux, de sprays désinfectants, d’appareils de mesure de l’air et de vidéoconférences. Une routine monotone s’est depuis longtemps installée dans la gestion quotidienne de la pandémie. Mais dès qu’il est question de la mise en place de mesures étatiques de lutte contre la pandémie, on est frappé par la virulence des réactions. Au cours de l’année écoulée, la chancellerie de l’Eglise a reçu des réactions très contrastées à ce sujet. Les uns estimaient que l’Eglise se laissait trop mettre sous tutelle par l’Etat, ne s’opposant pas vigoureusement au régime des certificats. Pour d’autres, elle manifestait bien trop d’égards visà-vis des vaccino-sceptiques étiquetés en bloc comme adeptes de théories du complot apocalyptico-évangéliques. D’autres encore reprochaient à l’Eglise de s’accorder des privilèges indus par rapport aux acteurs culturels. Un point commun à de nombreuses réactions était un ton qui ne semblait tolérer aucune contradiction. Pour une Eglise qui se définit comme une communauté de dialogue, cela nécessite un temps d’adaptation. Mais n’est-ce pas normal de recevoir des courriers de gens excédés à une époque marquée par l’incertitude et l’espoir déçu d’un retour rapide à la normale? Chaque réaction agacée nous renvoie ainsi à des questions importantes pour notre Eglise: est-ce que nous nous savons soutenus, même dans des circonstances adverses, par la promesse biblique d’une «vie en abondance» (Jn, 10, 10)? Y trouvons-nous la force de faire face aux nombreux défis avec amour et sagesse? Pouvons-nous, en tant qu’Eglise, apporter un témoignage sur la manière de garder l’espérance et ne pas perdre de vue le bien de notre prochain? Il me semble que l’Eglise pourrait bien nous apporter des réponses. Notre société aurait bien besoin d’une piqûre de rappel de la part de l’Eglise pour s’immuniser contre le manque de solidarité inadmissible en Suisse et à l’étranger. Le fait que les pays pauvres n’ont par exemple toujours qu’un accès restreint aux vaccins contre le Covid-19 est d’une injustice révoltante. Les périodes de crise font ressortir à quel point il est important pour l’Eglise nationale de disposer d’une forte visibilité et de pouvoir faire passer son message – c’est là l’une des principales raisons pour lesquelles la chancellerie de l’Eglise procède depuis le début de l’année 2021 à une réorganisation du service de la communication. Mais bien souvent ce sont les petits gestes qui traduisent le mieux l’esprit de l’Eglise. La chancellerie de l’Eglise a par exemple toujours répondu aux courriers évoqués plus haut, afin d’instaurer un dialogue avec les personnes en colère qui nous les ont adressées. Certes, nous n’avons que rarement su effacer les divergences sur la gestion de la pandémie. Mais ce qui est sans doute plus important, c’est de prendre conscience que les catégories humaines – dont fait partie le statut vaccinal – ne sauraient changer quoi que ce soit au fait que Dieu donne son amour à toutes ses créatures. Le fil conducteur des rapports entre les êtres humains reste l’attention bienveillante. Sinon, comment rester ouverts aux autres et éviter d’adopter peu à peu une attitude dans laquelle chacun ne cherche plus que «son propre intérêt» (1 Cor 10, 24)? Chancellerie de l’Eglise Christian Tappenbeck chancelier de l’Eglise

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