ENSEMBLE Nr. / N° 67 - September / Septembre 2022

22 Doss i er —– ENSEMBLE 2022 /67 R É F U G I É S U K R A I N I E N S L’aventure de l’accueil Dans un élan de générosité, ils ont accueilli des réfugiés ukrainiens. Une expérience humaine souvent inédite et riche, mais qui comporte aussi ses défis. Témoignages. Von Nathalie Ogi Les trottinettes sont sagement alignées contre la façade. A l’intérieur, les enfants jouent à l’abri du soleil. Depuis ce printemps à Longirod, 19 Ukrainiennes et Ukrainiens logent dans une maison du Département missionnaire (DM). Un projet rendu possible grâce au soutien du pasteur Florian Bille, de deux conseillères de paroisse, de la commune et de bénévoles de ce village du pied du Jura vaudois. «Tout se passe bien. Même si la cohabitation entre les familles n’est pas toujours évidente, chacun fait son possible. J’ai été impressionnée par l’accueil des habitants, la générosité des producteurs qui offrent des produits locaux», explique Catherine Martin-­ Mehr. Avec la municipale Isabelle Rubin, elle s’implique pour aider ses protégés. Les questions administratives étant réglées, les cours de français mis en place et les enfants scolarisés, c’est à présent l’avenir qui interroge. Beaucoup de réfugiés manifestent le désir de rentrer chez eux. En tant qu’ancienne humanitaire, la conseillère de paroisse s’inquiète déjà des traumatismes qui pourraient surgir. Une jeune fille adulte, dont les parents sont en Ukraine, est très angoissée. Deux psychologues parlant ukrainien ont donc été mobilisées. En attendant, Catherine Martin s’en va apporter du pain à une autre famille hébergée dans le village. Le pasteur de la paroisse de Gimel-Longirod est pour beaucoup dans la mise en place de ce réseau de solidarité. C’est lui qui a facilité l’accueil d’une septantaine d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens dans la région. Luimême en héberge quatre depuis deux mois. «Pour nous c’est facile, les parents parlent anglais et la famille vit dans un logement indépendant», relève Florian Bille. Trois à quatre fois par semaine, les repas sont pris ensemble. Lorsque l’un de leurs hôtes accuse un coup de déprime, le pasteur et son épouse offrent leur soutien moral. Ils ont également proposé leur aide dans les démarches administratives souvent complexes, comme pour l’obtention du fameux permis S qui vient seulement d’arriver. Une grande colocation Choqués par les images de la guerre, Sarah Vermot et son ami ont eu le même élan envers deux Ukrainiennes, une mère et sa fille de 12 ans. «Nos invitées sont arrivées de Kiev à la mi-mars. Depuis, elles occupent une chambre et mon ancien bureau», explique la jeune enseignante en classe d’accueil. Dans le trois pièces de Gimel, la salle de bain est très convoitée. «Mais j’ai vécu en colocation et je sais ce que c’est que de hurler que l’on va prendre sa douche le matin.» Avec les beaux jours, la cohabitation est devenue plus aisée. C’est surtout le premier mois qui a été intense émotionnellement, logistiquement et administrativement. Le jeune couple a passé des heures à remplir les documents pour l’aide d’urgence. Il a aussi fallu patienter toute une journée au centre fédéral de Boudry pour enregistrer les hôtes. Enfin, après avoir connu de gros soucis, la communication est devenue plus facile. Au début, il a aussi fallu faire face à des comportements inattendus. Comme lorsque les deux invitées ont ramené un jour des centres de dons alimentaires cinq salades pour remercier leurs hôtes. Il a fallu expliquer la volonté de ne pas gaspiller la nourriture et de ne pas manger les vivres destinés aux réfugiés. Mais après avoir connu des hauts et des bas, le couple salue une très belle expérience. La Suisse romande connaît aussi la culture de l’accueil. Willkommenskultur auch in der Romandie.

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