21 ENSEMBLE 2022 /66 —– Doss i er orgue sont préjudiciables à une coopération inspirante pour la communauté. La responsabilité partagée pourrait en outre être manifestée par des remerciements sincères et sans condescendance du ou de la ministre à la musicienne ou au musicien à la fin du culte. SARAH BRUNNER 1. Partager les besoins En tant qu’organistes, nous avons aussi intérêt à ce que des cultes continuent d’être célébrés à l’avenir. C’est pourquoi la responsabilité pour les questions liturgiques nous concerne tout comme les pasteures et pasteurs. Par notre solide formation qui, outre la musique, aborde aussi la liturgie, nous sommes capables de mener une réflexion active sur le développement de la forme du culte. Nous avons un autre accès, musical, à la même tradition que les pasteures et pasteurs. Je trouve les échanges toujours très fructueux. La communauté est aussi une composante active du culte, c’est pourquoi nous aimons l’inviter à dialoguer avec nous. Pas seulement à la dernière minute, mais aussi pour un échange fondamental sur la quête commune de Dieu, sur la communion et sur la compréhension de l’Eglise et du culte. 2. Servir la communauté! La liturgie signifie aussi le service à la communauté, c’est là que je vois ma fonction de musicienne d’Eglise. Le culte n’est pas une plateforme pour un concert d’orgue virtuose, mais une célébration commune avec des éléments musicaux. C’est pourquoi il est très important de sentir ce qu’aiment les fidèles. Parfois, le mieux est l’ennemi du bien! La musique d’Eglise devrait donc tenir compte, avec beaucoup de savoir et de qualité artistique, des besoins de la communauté. Pouvoir y répondre et voir que la musique apporte aux personnes joie ou réconfort et les touche au plus profond d’elles me remplit toujours de joie. 3. Rester ouvert! J’entends souvent dire que des organistes ont refusé de jouer telle œuvre ou tel chant. Certains musiciennes ou musiciens d’Eglise supportent mal que l’on chante des cantiques en langue étrangère, et encore moins des chansons pop ou rock, sans parler de la musique qui n’est pas clairement classable comme «spirituelle». Il faut évidemment toujours bien évaluer le style et le contenu de l’œuvre souhaitée. Mais tout dépend aussi du contexte: souvent, une bonne intégration et présentation de l’œuvre depuis la chaire suffit à jeter le pont spirituel. Dans l’idéal, la communauté devrait aussi rester ouverte à la musique d’orgue «traditionnelle», peut-être plus exigeante. Bien expliquée, la musique classique, mais surtout moderne et contemporaine peut ouvrir l’âme et les oreilles de bien des auditrices et auditeurs. La collaboration entre la musicienne, le musicien d’Eglise et la pasteure ou le pasteur est indispensable pour organiser un culte attrayant. Si les deux professions échangent et se renforcent mutuellement au lieu de camper sur leurs positions, la passion pour célébrer ensemble avec joie et légèreté est toujours ravivée. Ensemble en dialogue La communication a été au cœur des discussions. Une souffrance était perceptible chez bon nombre de musiciennes et musiciens qui, trop souvent, ne sont pas associés à la planification annuelle et financière ni à la préparation des cultes, parfois même pas pour les questions musicales. Beaucoup de ministres n’ont pas conscience du temps nécessaire pour la recherche et la préparation des œuvres. Certaines personnes ont toutefois fait état d’une bonne collaboration dans leur travail et ont déjà vécu ce qui, ailleurs, figure encore dans la liste des souhaits. Bien des pasteures et pasteurs déplorent que les discussions personnelles avec les musiciennes et musiciens, souvent engagés à taux réduit, sont insuffisantes et ne leur permettent pas de connaître leurs compétences et leurs besoins. Tous les participantes et participants se sont accordés à dire que, dans l’idéal, les pasteures et pasteurs et les musiciennes et musiciens d’Eglise devraient assumer ensemble la responsabilité du culte. Cela implique que la fonction de la musicienne et du musicien d’Eglise soit comprise comme une fonction spirituelle. Si la collaboration fonctionne, la musique peut déployer son potentiel au service de l’édification de la communauté pendant et au-delà du culte. Pour finir, différents souhaits ont été adressés aux responsables de l’Eglise cantonale: offres de formation initiale et continue pour les deux groupes professionnels, modèles de formation alternatifs pour musiciennes et musiciens pratiquant la musique d’Eglise à titre accessoire, renforcement de la musique d’Eglise dans sa fonction spirituelle, promotion de la relève. Pour ce dernier point, des musiciennes et musiciens ont relevé que leur groupe professionnel assumait une part de responsabilité – chacune et chacun devrait tout naturellement enseigner à des enfants et à des jeunes et réfléchir à la façon de les enthousiasmer p. ex. pour le jeu d’orgue. * Responsable des cultes et de la musique d’Eglise aux Eglises réformées Berne-Jura-Soleure
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